Quand on pense au Rajasthan, on pense aux somptueux palais des Maharadjas, aux intrigues de la cour, aux guerres abominables se terminant par le jauhar ou plus simplement aux splendides saris des belles Rajasthanies à moins que ce ne soit aux turbans chamarrés de leurs compagnons.
Mais on oublie un aspect profondément saisissant de la culture de cet état : le désert et le nomadisme.
Lorsqu’on s’enfonce vers l’ouest, au-delà de Jaisalmer, dans le Désert du Thar appelé également Mârusthali ( le Pays de la Mort ), on entre dans des plaines arides où la végétation comme les hommes se raréfie.
On aperçoit quelques khejris – l’arbre typique du désert, vénéré par la tribu des Bishnois – et des acacias ici et là au milieu des étendues sablonneuses, on imagine les nombreuses caravanes d’hommes et de dromadaires qui ont foulé ce sol avant nous, souffrant de la soif le jour et du froid la nuit.
Le désert du Thar, c’est la porte ouverte sur le Pakistan ou sur l’Asie Centrale, on pense au poème symphonique écrit par Borodine « Dans les steppes de l'Asie centrale ».
La Partition entre l’Inde et le Pakistan, en 1947, a probablement mis un point final à ces échanges culturels, économiques, linguistiques et religieux car ici, on ne peut pas aller n'importe où, l'armée indienne veille ...
En début d'après-midi, après la visite de Jaisalmer, nous avons pris la direction de Khuri, 45 kilomètres plus au sud où en plein désert du Thar, un petit village entouré de dunes de sable et où quelques maisons ont été construites en pisé, décorées de motifs traditionnels ocres et rouges.
Ce village paisible a un charme unique avec ses rares ruelles étroites, ses cours intérieurs ouvertes où l'on peut rencontrer les habitants vaquant à leurs occupations, croiser les femmes allant au puit avec leur cruche sur la tête, les hommes s'occupant des dromadaires et des moutons.
Le coin attire des touristes indiens du Gujarat proche mais aussi des groupes d'européens ou d'américains en voyage organisé qui viennent faire une balade à dos de dromadaire ( des camel safari ) et admirer le coucher de soleil depuis les dunes voire peut-être acheter quelques souvenirs dans l'unique boutique d'artisanat local, principalement achalandée en poteries et en tissages.
Hélas, trois fois hélas, le désert, du moins dans ce coin, est envahi d'éoliennes, de plusieurs centaines d'éoliennes et le charme qui aurait pu opérer est rompu.
Nous sommes allés vers le sommet des dunes à dos de dromadaire, sans enthousiasme d'ailleurs il faut le dire parce que jouant les « parfaits touristes », mais nous nous sommes consolés en admettant que c'était amusant et que ce serait l'occasion pour les pauvres rajasthanis du village de recevoir quelques roupies.
Et puis nous ne l'avons plus regretté lorsque du sommet des dunes, le coucher du soleil sur le désert du Thar a été un moment magique, un moment où on percevait le silence troublé de temps à autre par le bruissement du vent traversant les petites feuilles des khejris ou bien le blatèrement des dromadaires.
Nous voulions de l’espace, nous voulions du désert, nous avons été servis !
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format.