À courir comme je l'ai fait ce printemps, j'ai manqué l'exposition « Peindre l'Impossible - Hodler, Monet et Munch » à la Fondation Gianadda à Martigny aussi ne pouvais-je louper la nouvelle exposition qui met en avant Paul Cézanne, un peintre que j'apprécie.
« Tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et le cylindre, il faut apprendre à peindre sur ces figures simples, on pourra ensuite faire tout ce qu'on voudra ».
Lettre de Paul Cézanne à Émile Bernard, 1904.
Riche d'une centaine d'œuvres majeures, l'exposition poétiquement intitulée « Paul Cézanne-Le chant de la terre » propose un magnifique « voyage » au sein de l'abondante production artistique du « maître d'Aix », du début des années 1860 à sa mort en 1906.
La Fondation Pierre Gianadda présente en effet un ensemble exceptionnel d'une cinquantaine de paysages, d'une dizaine de natures mortes - pommes et autres fruits - soigneusement composées dans l'atelier sur une table de cuisine, d'une quinzaine de portraits de figures amies ( Émile Zola, la pudique Hortense - Madame Cézanne - le jardinier Vallier, Victor Chocquet... ) et d'autoportraits ( on pense à l'expression ténébreuse de certains d'entre eux face au miroir ) auxquels s'ajoutent une dizaine de compositions emblématiques de « Baigneuses et Baigneurs en plein air », que le peintre brossa jusqu'à son acmé.
Cette exposition révèle combien la création de Cézanne est exaltée par l'amour de la nature.
« Je veux, moi, me perdre dans la nature, déclara-t-il, repousser avec elle, comme elle, avoir les tons têtus des rocs, l'obstination rationnelle du mont, la fluidité de l'air, la chaleur du soleil.
Dans un vert, mon cerveau tout entier coulera avec le flot séveux de l'arbre.
Il y a devant nous un grand être de lumière et d'amour, l'univers vacillant, l'hésitation des choses. Je serai leur Olympe, je serai leur dieu».
Si ce vaste et inépuisable sujet constitue depuis toujours une source d'inspiration pour les artistes, pour Cézanne, l'un des pères de l'art moderne, il représente bien plus que cela: il est la raison d'être de sa peinture.
En communion avec le décor naturel qui l'entoure et lui impulse un puissant élan créatif, il s'attache inlassablement à restituer ses propres perceptions et « sensations ».
Au fil du parcours se dévoilent des œuvres incontournables provenant des plus prestigieux musées et collections internationales, tant d'État que privées, du monde entier; ainsi certaines toiles n'ont jamais été montrées au public, d'autres ne l'ont pas été depuis le début du siècle dernier.
Au cœur de ce superbe hommage, Cézanne ne cesse d'interroger la place de l'homme face à la nature, ouvrant à ses successeurs une postérité immense entre figuration et abstraction.
J'ai passé ici deux heures à admirer les œuvres du maître et je compte bien revenir une nouvelle fois tant j'ai apprécié le moment passé en compagnie du peintre !
→ Le texte est de Julia Hountou, commissaire de l'exposition, qui dit mieux que je ne pourrais jamais le faire ce que représente Paul Cézanne, un texte que je peux reproduire avec la chaleureuse autorisation de M. Léonard Gianadda.
→ L'exposition dure jusqu'au 19 novembre 2017 et la fondation est ouverte tous les jours de 9 h à 19 h à Martigny (VS).
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format ( je le conseille vivement )
Je vous invite à regarder ce court montage audiovisuel ( 4,26 minutes ) ci-dessous.
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