Le district de Saint-Paul et Amsterdam est situé dans sud de l’océan Indien, il est composé de deux îles distantes d’environ 85 kilomètres :
L’île Saint-Paul ( 38°43’S et 77°31’E )
L’île d’Amsterdam ( 37°50’S et 77°31'E ), quelquefois appelée île de la Nouvelle-Amsterdam.
Les îles Saint-Paul et Amsterdam bénéficient d’un climat océanique marqué par l’absence de neige et de gelée en hiver, et la présence d’un vent constant de secteur ouest.
Les îles Saint-Paul et Amsterdam sont les îles les plus récentes des Terres Australes Françaises. Elles sont toutes les deux d’origines volcaniques et représentent chacune le sommet émergé d’un volcan. Leur émersion date d’environ 100.000 ans. Les coulées les plus récentes sont situées sur l’île Amsterdam et auraient une dizaine de milliers d’années.
La crique de l’île Saint-Paul s’est formée suite à l’effondrement d’une partie nord de l’édifice volcanique, provoqué par l’activité d’une grande faille ( de direction nord ouest, sud est ) qui marque aujourd’hui le paysage.
Vendredi 9 avril
Le bateau arrive devant l'île d'Amsterdam et se positionne face à la base Martin de Viviès à 14 heures 30. Le ciel est couvert et l'île est envahie par la brume.
Commence alors les premières rotations d’hélicoptère pour descendre le courrier, les hivernants qui s’apprêtent à passer plusieurs mois sur l’île et les passagers « touristes ».
Nous sommes surpris par l’aspect coquet de la base. Les pavillons sont bordés de massifs de géraniums et de marguerites en fleurs entre les cyprès ( introduits ) et les phylicas ( endémiques ). Quel contraste avec les paysages austères de Crozet et de Kerguelen, preuve que nous avons bien quitté les quarantièmes rugissants.
Nous sommes accueillis par Éliane Ledoux, la souriante DISAMS ( chef du district d'Amsterdam ) qui par une courte allocution nous souhaite la bienvenue et nous avertit des risques principaux de l’île : les otaries qui peuvent se montrer agressives, le feu ou encore le soleil. Elle nous demande aussi d’être économes en eau qui est une denrée rare, l’île étant dépourvue de source, seule l’eau de pluie est récupérée et stockée dans de grandes citernes.
Nous partons faire un petit tour vers la jetée, laquelle est couverte d’otaries en rangs serrés. À midi un superbe buffet nous attend à « Skua », le bâtiment de la vie commune : langoustes à profusion, truites de mer et autres poissons des Kerguelen fumés, légine… Le buffet de desserts est tout aussi exceptionnel.
Dans l'après-midi, Nous bous séparons en deux groupes, pendant les uns montent à la cabane Antonelli où ils passeront la nuit, nous rejoignons la cabane Ribault en bord de falaise.
Au dîner après le punch planteur, nous dégustons un carry de langoustes, le cuistot de la base s’est encore surpassé.
De la terrasse, nous voyons les feux du Marion Dufresne et ceux de l'Austral le seul navire langoustier autorisé à pêcher dans les eaux de Saint-Paul et Amsterdam ( sa saison de pêche est terminée depuis deux jours et il s'apprête à remonter vers la Réunion ). La température est agréable. Entre les nuages, les reflets de la lune illuminent la mer en nappes mouvantes.
Samedi 10 avril
Après une nuit calme et une dernière visite à une petite colonie d'otaries proche de la cabane Ribault, retour vers la base Martin de Viviès où les opérations de débarquement ( passagers, matériels et gazole ) se poursuivent.
Nous partons avec les VSC ( volontaires du service civique ) de la réserve naturelle. Nous nous arrêtons au-dessus de la mare aux éléphants pour observer des centaines d’otaries sur la grève ( elles seraient 30.000 à Amsterdam ). Les mâles reconnaissables à leur houppette sur la tête et à leur grande taille, se constituent un harem.
Ils se reproduisent dès l’âge de 7 ans et accomplissent un travail épuisant pour défendre leur harem des autres mâles. Ils ne peuvent se nourrir durant tout ce temps et dépensent beaucoup d’énergie. Après quelques années ils ne seront plus capables de cet effort, de garder un harem et donc de se reproduire, ils devront céder la place à des plus jeunes.
Nous continuons notre marche à travers des étendues de graminées jusqu’à pointe Bénédicte et la station de surveillance de l’air. En raison de son éloignement de toute zone industrielle ou même simplement habitée, l’air de l’île d’Amsterdam serait le plus pur de la planète et représenterait le « bruit de fond » de l’atmosphère terrestre. On y analyse la teneur en radon, ozone et gaz à effet de serre, CO2, CO, CH4, H2O.
Dimanche 11 avril
Visite des installations qui nous permet de découvrir la chapelle, la pépinière, le garage et la COOP. La visite se termine par une réception sympathique offerte par la chef de district, qui exprime le souhait que le groupe - malgré le temps limité passé sur l’île d’Amsterdam lors de cette OP - ait pu se familiariser avec les particularités de l’île.
Pour marquer son passage, le sénateur Gaudin° - avec qui j'ai beaucoup échangé et plaisanté - est invité à planter un phylica arborea.
Après un déjeuner avec à nouveau profusion de langoustes et pâtisseries du chef, on se prépare ensemble avec les scientifiques et l’équipe TAAF à retourner sur le Marion Dufresne.
Avec le beau temps, Pascal le pilote d’hélicoptère, extrêmement expérimenté, réussit en une heure 15 rotations de 5 personnes entre la base Martin de Viviès et le Marion Dufresne. Lors de mon vol retour vers le Marion, je le vois se retourner vers la petite sismologue qui approuve l'interrogation muette - ils se connaissent évidemment - le vol se fait à quelques mètres au-dessus de l'eau pour venir ... presque s'écraser contre la coque du bateau, une chandelle et il rebascule de l'autre côté de la coque pour reprendre un vol paisible et venir se poser sur la DZ du bateau !
Toutes les missions prévues ont été réalisées. Nous quittons l’île d’Amsterdam alors que la nuit commence à tomber, la sirène du Marion hurle longuement pour saluer ceux qui vont passer ici l'hiver austral, dans la solitude, éloignés de tout.
Il nous reste quatre jours de navigation avant de revenir à l’île de la Réunion et retrouver le tumulte de la civilisation. Le volcan Eyjafjallajökull en éruption se chargera de différer notre retour vers la métropole nous laissant « coincés » à la Réunion pendant quelques jours.
Je termine cette série d'articles sur les Terres Australes par une pensée pour les TAAF et ses équipes qui font vivre ces bases si éloignées de tout, en les remerciant de leur accueil chaleureux. Un salut aussi pour le Marion Dufresne, notre maison dans les mers fascinantes du Grand Sud et à son équipage. Un salut amical encore pour mes amis qui ont partagé avec moi cette aventure et en particulier à Rémi qui en a été le grand instigateur. Ils ont été également les pourvoyeurs pour enrichir ma photothèque, plusieurs de leurs photos illustrent mes onze billets. Merci à eux et à tous ceux qui ont contribué à faire de cette aventure quelque chose de fort qui restera longtemps dans ma mémoire.
° Quelques mois après notre retour, le sénateur Gaudin démissionnera du Sénat pour prendre le poste de Préfet des TAAF, un parcours singulier pour ce scientifique.
Écrit en mer le 12 avril 2010
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Je vous invite à regarder le montage audiovisuel ( 5,08 minutes ) ci-dessous
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