Je rêve encore de cet immense continent de 14 millions de km², couvert d’une épaisse couche de glace, l’inlandsis qui représente 90% de la masse de glace de la planète.
L’épaisseur de la couche y atteint 4.800 mètres, les côtes rocheuses y sont rares et le littoral est presqu’entièrement constitué de falaises glaciaires et de gigantesques ice-shelves ( plates-formes de glace flottante attachées au continent, 1,5 millions de km² ).
Enfin, la mer qui borde ce continent blanc est, elle aussi, gelée et cette banquise couvre 4 millions de km² en été et 25 millions en hiver. C'était au printemps 2008 ...
Dimanche 9 mars ( J1 ) Embarquement et Canal de Beagle
Après une intéressante escale à Buenos Aires et une journée passée à la découverte d'Ushuaia, j'ai embarqué en fin de journée sur le Professor Molchanov, ancien navire de recherche de l'Institut Hydrométéorologique de Mourmansk, son capitaine, Evgueny Baturkin, l'homme le plus important à bord, a un équipage expérimenté de 20 russes, officiers & marins, ingénieurs & personnels de service à bord.
Bon accueil par le staff d'Oceanwide Expeditions : le chef d’expédition Morten Jörgensen, un danois, et Daniela qui s’occupe des questions administratives et nous subtilise nos passeports. Nous ferons connaissance progressivement du reste du staff… Les matelots russes se sont chargés de nos bagages pour les amener dans nos cabines.
Alors que le bateau a levé l'ancre et file dans le détroit de Beagle, je fais la connaissance des autres passagers, des sud-africains qui vont s’avérer très sympathiques, des anglais, des américains, des australiens dont Bob avec qui je partage ma cabine, des canadiens anglophones, des hollandais et quelques allemands, un espagnol, un israélien. Nous sommes trois français puisque avec moi il y a un couple d’alsaciens de la Réunion, grands voyageurs devant l’éternel et bien sympathiques également. Ils deviendront mes amis.
J'embarque pour une croisière de 38 jours...
Détroit de Drake
Il sépare l’extrême sud du continent sud-américain de la Péninsule Antarctique. Il faut le traverser – env. 600 milles nautiques – en quittant Ushuaia pour se rendre en Terre de Graham. Les conditions de vent dans les mers australes tout au long de l’année sont celles de l’Atlantique Nord en hiver. Les vents tournant autour de la terre sans l’obstacle des continent produisent des conditions particulièrement sévères. Toutefois, « les dépressions des mers australes sont de la même taille que celles qui engendrent les tempêtes d’hiver en Atlantique Nord. Celles-ci se déplacent vers l’Est, centrées au sud du 60° S dans le Pacifique, et au sud du 50° S dans l’Atlantique… » ( Extrait de The Antarctic pilot de l’Amirauté britannique ).
Lundi 10 mars ( J2 ) vers le sud
Réveil à 7 heures 30 avec un « good morning everyone, good morning everybody » lancé par Morten à l’interphone avant de donner les conditions météo de la journée.
Petit déjeuner à 8 heures. Ce sera le rythme tous les jours sauf cas particuliers. Petit déjeuner copieux, à la britannique, puis retour à nos cabines alors que le bateau tangue assez gentiment – une bonne houle de 5 à 6 mètres quand même avec un vent modéré, finalement des conditions qui vont s’avérer excellentes pour la traversée du Détroit de Drake !
À l’heure convenue, direction l’une des deux salles de restaurant pour une conférence sur les oiseaux et les mammifères de la région. Une bonne petite moitié des passagers a disparu victime du mal de mer …
Déjeuner léger à 13 heures. Je retrouve ensuite ma cabine et ma bannette avec plaisir et j'y passe mon après-midi sur des corrections de photos en attendant 16 heures, heure d'un nouvel exposé sur le continent Antarctique.
Dîner copieux et bien accueilli par moi, mais il manque encore une bonne vingtaine de personnes. Coucher rapide et excellente nuit d’autant que j’ai enfin compris comment stopper le ventilateur d’air frais qui faisait un vacarme d’enfer.
Mardi 11 mars ( J3 ) vers le sud
Nous avons eu une nuit plutôt calme avec une mer moins agitée. Il y a même eu un ciel clair et étoilé vers les 4 heures du matin. Somptueux !
Petit déjeuner à la même heure que la veille, après une bonne douche. À 10 heures, briefing pour les passagers du troisième pont sur l’IAATO et les consignes de cet organisme pour protéger l’environnement de ce continent si fragile. Ensuite, dans la foulée, exposé sur l’utilisation des zodiacs et retour en cabine puis passage sur le pont où le soleil fait une percée sympathique mais où l’air est pour le moins…vif !
Après le déjeuner, toujours léger, je m’occupe toujours avec mes photos de l'année 2005 à l'occasion d'un voyage au Svalbard. Après tout, c’est en bonne harmonie avec la région !
Vers 16 heures 30, projection et topo par Troels Jacobsen du staff sur les mammifères de l’Antarctique. Suit une petite sieste et après le dîner nous avons droit, au bar, à un briefing sur le débarquement de demain puis dans la salle à manger projection d’un film datant de 1929 « Around the Cape Horn » en noir et blanc avec des scènes plutôt humoristique à bord des grands Trois Mats.
Ce soir, nous avons eu un beau coucher de soleil et demain nous serons devant le grand continent blanc !
Écrit en mer le 12 mars 2008
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