Jeudi 22 novembre
Le vent souffle toujours aussi fort… Nous consacrons notre journée à préparer la traversée : approvisionnements au marché, plein de gazole qu’on a été chercher par bidons à la station-service installée sur le port, plein d’eau à la marina.
Vendredi 23 novembre
Le vent souffle toujours… Nous traînons, nous nous rendons en ville avec un passage dans un Internet café pour relever les mails. Dans l’après-midi, peut-être parce que le vent donne l’impression de mollir, peut-être par ce que le capt’ain voit son équipage piaffer d’impatience – il pourrait devenir incontrôlable, qui sait, il y a deux drôles de zigotos à bord – décision est prise de partir et nous larguons les amarres peu avant 20 heures.
J04 ~ Samedi 24 novembre
La nuit a été moins agitée qu’on aurait pu le penser alors qu’on longeait à bonne distance la côte sud de São Antão ; au lever du jour, l’île est dans le sillage. Ça commence plutôt bien car Pierre pêche une daurade coryphène en milieu de matinée. Après-midi à buller dans le cockpit, les équipiers se relayant à la barre franche de Queequeg pour économiser le pilote automatique gourmand en énergie.
Avec un alizé assez musclé, nous avons bien marché puisqu’au point de 18 heures TU, nous avons parcouru 101 milles nautiques, soit un peu moins de 5 nœuds à l’heure, ce qui est bien pour un quillard de cette taille…
J05 ~ Dimanche 25 novembre
Peu après la méridienne, nous hissons le spinnaker, l’alizé ayant un peu molli. Au milieu de l’après-midi, nous croisons un navire espagnol de recherches océaniques ( très curieusement, je l’ai retrouvé quatre mois plus tard amarré le long d'un quai à Ushuaia ! ). En fin d’après-midi, à mon tour, je pèche une petite daurade coryphène qui ne terminera pas dans la poêle, on lui a accordé la vie sauve.
J06 ~ Lundi 26 novembre
Au lever du jour le ciel est parsemé de nuages et le restera toute la journée.
J07 ~ Mardi 27 novembre
Ciel dégagé et alizé soutenu, nous avons navigué toute la journée sous génois et grand voile croisée, donc plein vent arrière et, bien qu’à cette allure le bateau soit un peu moins rapide qu’au grand largue, notre vitesse a été excellente avec un peu plus de 5 nœuds sur 24 heures. En fin de matinée, nous péchons à nouveau une daurade coryphène qui passera à la cuisine. À nouveau, superbe coucher de soleil…
129 nm parcourus au point de 18 h TU
J08 ~ Mercredi 28 novembre
J09 ~ Jeudi 29 novembre
J10 ~ Vendredi 30 novembre
Trois belles journées de mer sous le ciel bleu et avec une vitesse constante avec toujours plus de 5 nœuds sur 24 heures.
Le 28 : 129 nm parcourus au point de 18 h TU
Le 29 : 129 nm parcourus au point de 18 h TU
Le 30 : 124 nm parcourus au point de 18 h TU
J13 ~ Samedi 1er décembre
123 nm parcourus au point de 18 heures TU
J14 ~ Dimanche 2 décembre
Nous avons eu un beau début de week-end, toutefois nous avons passé la matinée de dimanche sous un ciel gris avec peu de vent, retour du soleil dans l’après-midi.
123 nm parcourus au point de 18 heures TU
J15 ~ Lundi 3 décembre
Après le petit déjeuner, profitant d’un moment où l’alizé avait faibli, nous avons stoppé Queequeg et rejoint la plage … arrière du bateau pour nous baigner et puis nous avons repris notre route sous spinnaker.
99 nm parcourus au point de 18 heures TU
J16 ~ Mardi 4 décembre
Nous avons passé la fin de matinée, entouré de dauphins qui ont donné le spectacle ; nous leur aurions bien donné la pièce mais à la fin de la représentation, ils ont quitté la scène sans venir saluer leur public !
94 nm parcourus au point de 18 heures TU
J17 ~ Mercredi 5 décembre
En fin de matinée, j’ai péché un très beau thazard, il finira à la casserole…
100 nm parcourus au point de 18 heures TU
J18 ~ Jeudi 6 décembre
Ciel bleu avec sa cohorte de cumulus pommelés si typiques des alizés. Nous avons alterné le grand largue et le vent arrière croisant alors génois et grand’voile.
107 nm parcourus au point de 18 heures TU
J19 ~ Vendredi 7 novembre
Nuit calme comme les précédentes ; les matinées et débuts d'après-midi sont toujours superbes, puis les nuages commencent à arriver et les grains viennent parfois en soirée, ce qui a été le cas hier. Dans la matinée nous avons eu une visite et pourtant nous sommes loin des côtes ( environ 400 milles nautiques ) : un gros hélicoptère de la Royal Navy est venu nous survolé. Nous avons engagé la conversation puis il nous a quittés sur un « good trip », le porte-hélicoptères ne devait pas être très éloigné quoi qu’invisible depuis notre bateau.
127 nm parcourus au point de 18 heures TU
J20 ~ Samedi 8 décembre
Encore une visite en ce début de matinée, celle d’un oiseau ressemblant à un fou mais il était un peu loin pour qu’on puisse vraiment le reconnaître. Nous commençons à jeter un œil sur notre arrivée.
106 nm parcourus au point de 18 heures TU
J21 ~ Dimanche 9 décembre
J’ai fait un constat : à chacune de mes traversées de l’Atlantique, la première moitié sous les alizés se fait sous un ciel clair, parfois un peu pommelé avec en fin de journée quelques grains courts mais assez forts. Et puis, dans la seconde moitié de la traversée, le ciel est largement plus couvert, les grains sont plus fréquents et violents… Mais les couchers de soleil sont toujours somptueux lorsque les grains s’absentent.
101 nm parcourus au point de 18 heures TU
J22 ~ Lundi 10 décembre
Notre cap’tain, qui est un fin cuisinier, nous a fait du pain et croyez-moi, manger du pain frais après presque trois semaines de mer, c’est un délice !
114 nm parcourus au point de 18 heures TU
J23 - Mardi 11 décembre
Début de matinée sous un ciel peu engageant alors que nous croisons un cargo et plus tard, la Martinique se profile au loin alors qu’un grain violent arrive qui nous oblige à remplacer le génois par un solent avant de revenir au génois - roulé à plusieurs tours - passée la pointe des Salines à l’extrémité sud de la Martinique.
Nous entrons dans la baie du Cul de Sac du Marin peu avant 15 heures et à 16 heures, nous sommes amarrés aux pontons de la marina. La traversée est bouclée …
121 nm parcourus du dernier point de 18 heures TU à la marina du Cul de Sac du Marin.
Merci Pierre, merci Catherine de m’avoir permis de vivre avec vous cette nouvelle aventure.
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J'ai donc traversé par trois fois l'Atlantique ( dans le sens est → ouest ) et deux fois dans la même année - plus exactement en 9 mois ½ - ce qui est une chance rare, peut-être même unique, pour un amateur !
Je garde la nostalgie de ces jours hors du temps, loin des tracas et des drames, loin des manœuvres sordides des hommes politiques prêts à tout pour prendre une place enviée ou la conserver, j'ai aussi la nostalgie de cette vie au ralenti, au rythme de la houle provoquée par un lointain coup de vent, lorsque le bateau grimpe de plusieurs mètres lentement, très lentement, sur une crête dominant alors un immense paysage puis, un moment plus tard, redescendant lentement, très lentement, au fond d'une valleuse d'eau. J'ai encore la nostalgie des somptueux couchers de soleil sous les tropiques. J'ai bien sûr la nostalgie de ces moments d'amitié partagée et celle des heures de quart de nuit passées à rêvasser sous la voûte d'un ciel étoilé. Qui sait si un jour je ne vais pas me décider à rechercher un nouvel embarquement, si je ne vais pas accepter la proposition d'un skipper désireux de trouver un équipier pour une traversée transocéanique, oui qui sait ?
La vie est trop courte et puisqu'on ne peut pas la rallonger, vivons la intensément !
( proverbe australien ).
Carte avec le parcours du Cap Vert à la Martinique - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
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