Arrivant à lisbonne depuis le sud du Portugal en fin de matinée et sortant du métro Praça Marques de Pombal pour gagner notre hébergement, à deux pas de l'Avenida Da Liberdade - les Champs Élysées lisboètes - une présence imposante des forces de l'ordre nous a intrigués.
Pas longtemps, car nous nous sommes vite souvenus que ce lundi 25 Avril était fête nationale portugaise.
Bagages déposés, nous sommes retournés voir ce qu'il en était.
La fête nationale, cette année, est aussi le quarantième anniversaire de la révolution des œillets qui mit fin à la dictature imposée par Salazar entre 1933 et 1968 et poursuivie par Marcelo Caetano qui avait pourtant promis quelques réformes.
Après une série de tentatives, un coup d'état militaire le 25 avril 1974 a mis fin en quelques heures au régime en place. De jeunes capitaines inconnus ont conçu et dirigé les opérations concluant une alliance de dernière minute avec António de Spinola leur chef d'état major. La transition a pu s'effectuer sans violence Caetano ayant accepté sa reddition en raison de la présence de Spinola. Cette révolution portugaise se singularise par le caractère profondément démocratique du mouvement des capitaines, fait rare sinon unique dans les coups d'états militaires.
Sans doute doit-on y voir la raison du caractère bon enfant, presque joyeux, quoique également revendicatif, des participants au défilé auquel nous avons assisté durant près de deux heures.
Avec des bannières en nombre, les partis politiques du moins ceux de gauche - ceux de droite seraient-il nostalgiques des temps anciens de la dictature ? - et les sections syndicales de tous bords et de toutes tendances ont défilé derrière quelques leaders politiques.
Derrière, claquant au vent, les drapeaux rouges des jeunesses communistes portugaises et les drapeaux jaunes des jeunesses socialistes, d'innombrables banderoles.
Quelques-unes surprenantes, inimaginables dans notre hexagone comme celle des officiers des forces armées ou encore celle des sergents, celle des GNR ( la garde nationale républicaine ), ou bien celle des juristes et tant d'autres ...
Nombre de banderoles rappellent les acquis de la révolution des œillets, d'autres portent des revendications plus actuelles comme le respect de la constitution, la défense des handicapés ou le droit des femmes, la lutte contre l'exploitation, l'inégalité et l'appauvrissement, l'instauration des 35 heures...
Et aussi, au-delà du Portugal, une banderole demandant l'autodétermination au Sahara Occidental, une autre relative à l'accueil des réfugiés ou encore celle relative au traité transatlantique ( le TAFTA )...
Et puis des œillets à profusion brandis par les participants du défilé ou distribués ( gracieusement et avec le sourire ) aux spectateurs. J'ai eu droit bien sûr à mon bel œillet rouge vif !
Sous le soleil, un défilé bon enfant qui tranche avec le sérieux des défilés militaires de nos 14 juillet...
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Je vous invite à regarder le montage audiovisuel ( 5,25 minutes ) ci-dessous.
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