Bastion au sud-est du Massif Central, le Mont Aigoual est remarquable par son panorama, son climat et son observatoire météorologique. Il se dresse gaillardement face aux vents violents venus de la Méditerranée, le vent y souffle parfois à plus de 200 km/h. On comprend qu’afin de diminuer l’érosion des sols l’administration des Eaux et Forêts ait reboisé au début du siècle dernier - la première grande opération de reforestation antiérosive en France – les pentes de ce sommet. Ainsi au fur et mesure que le randonneur en gravit les pentes, il passe de la chaude garrigue languedocienne ou de l'aride Causse Méjean à la fraîcheur reposante des forêts de hêtres et de pins. C'est aussi un des endroits de France métropolitaine où ont été enregistrés les plus importants cumuls de pluie sur de courtes périodes, notamment durant les « épisodes cévenols » en automne.
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J08 – Jeudi 11 juin ~ Meyrueis → L’Espérou
À Meyrueis, j’ai donc quitté le Causse Méjean pour cheminer durant deux jours dans les pentes sous le Mont Aigoual alors que la météo, jusqu'ici favorable semble vouloir jouer une autre partie pour les prochains jours quoi qu'aujourd'hui ce soit encore la canicule.
Après une bonne demi-heure d'échauffement dans la traversée de la bourgade, c'est un sentier qui m’a amené au Bout de Côte ( 1.011 m ), un sentier encore merveilleusement tracé comme les anciens savaient le faire avec une pente bien régulière où on dénivelle rapidement presque sans effort.
Ensuite, eh bien ensuite, ce fut un cheminement à travers des forêts où les hêtres et les pins se disputent à qui est le plus grand.
Il n'y a guère de vue évidemment mais avantage, on chemine à l'ombre. La forêt est quittée près de l'abîme de Bramabiau et du village de Camprieu.
J'ai remonté ensuite la vallée du Bonheur ( quel joli nom pour ce beau vallon ). Ici l'abbaye de Banahuc encore appelée Notre-Dame du Bonheur abritait une communauté prospère à la tête d'un vaste patrimoine foncier. Elle fut en grande partie détruite par de nombreux assauts - Guerre de Cent ans, troupes huguenotes puis camisards - et pour finir les chanoines la désertèrent. Depuis quelques années une restauration a été engagée.
J'ai retrouvé la forêt pour gagner le Col de la Serreyde ( 1.300 m ) ; les dernières pentes se font « dret dans l'pentu », une rude montée suivie un peu plus loin d'une non moins sérieuse descente toute aussi « droit dans le pentu » sur une piste où les pierres veulent vous faire croire que vous êtes sur un pierrier alpin ou pyrénéen alors que le village est en vue. Comme apéritif, il y a mieux...
L'arrivée au Gîte de la Grande Draille à l'Espérou chez Sylvie Maurin fut la bienvenue. Le repas du soir sera de bonne facture ( salade composée, omelette aux cèpes, ragoût de sanglier, fromage et buche à la crème de châtaigne ). Encore une bonne adresse à retenir sur le Chemin de Saint Guilhem. Le gîte est la première maison à l'entrée du village sur le GR7.
J09 – Vendredi 12 juin ~ L’Espérou → Le Vigan
Hier soir, la météo annonçait pour ce vendredi des pluies très importantes, 40 litres/heure au mètre carré, une alerte avait été lancée et certains secteurs du Mont Aigoual interdits à la randonnée ! Randonner doit rester un plaisir et je trouve limité l’intérêt de la marche sous cape de pluie ; devant cette météo annoncée exécrable j’avais envisagé de faire appel à un taxi, mais un sympathique petit groupe de trois randonneurs m'avait proposé de me véhiculer au Vigan.
Au jour le ciel n'étant pas aussi hostile qu'annoncé, j'ai donc décidé de faire l'étape. Direction la Grande Draille via le pont sur le ruisseau du Pueylong, presque trois kilomètres juste assez pour m'échauffer avant une belle grimpée à travers bois au col de la Broue ( 1.102 m ).
Il est préférable d'en baver dans les montées raides le matin et de garder les descentes casse-pattes en fin d'étape dit-on... Ce matin, le programme est donc respecté et ... il va l'être au-delà de toute espérance !
Après un parcours sur des pistes forestières aux alentours de 1.200 mètres, l'orage arrive avec quelques coups de tonnerre et une bonne averse qui nécessite de sortir la cape de pluie et même m’oblige à m'abriter un moment.
Je suis arrivé rapidement au col de la Sablière ( 1.000 m ) et pour redescendre dans la vallée 5 kilomètres et 750 mètres plus bas, un sentier infâme m'y attendait fait de blocs de rochers, de pierres glissantes, de petits murs s'apparentant à des marches, le genre de truc à y laisser une cheville ! Il fut un temps où je m'étais fait une spécialité de courir sur un tel terrain m'entraînant dans les moraines ou les pierriers alpins, mais c'était avant...
Après le hameau de Pratscoutals, un autre sentier de même acabit m'a amené à Aulas, un village médiéval où il ferait bon de s'arrêter un moment si les gros nuages noirs voulaient bien s'éloigner un peu.
À l'entrée du Vigan c'est une courte section du GR7, infecte sur 200 mètres ; il faut marcher dans une étroite mais profonde rigole envahie par la végétation ou alors sur un mur de soutènement en si mauvais état qu'il ne demande qu'à vous faire descendre deux mètres plus bas ! Le confort simple de l'Hôtel du Commerce m'accueillera. La douche sera appréciée, la lessive et surtout le séchage va me prendre quelques temps ...
Carte avec le parcours Meyrueis → L'Espérou - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
Carte avec le parcours L'Espérou → Le Vigan - détails techniques - fichier GPS [ clic ]
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