Depuis des millénaires, populations et marchandises circulent entre l’Auvergne et le Languedoc. Plus tard l’essor de l’élevage ovin a engendré la transhumance entre montagne et plaine littorale, des pistes de passage – les drailles – ont vite été utilisées par les marchands ou les muletiers pour le transport des marchandises vers les foires de Meyrueis ou du Vigan. Aujourd’hui des milliers de brebis les empruntent encore des garrigues aux estives de l’Aigoual. Les randonneurs du GR6 – un tracé qui vient de Sainte-Foy-la-Grande en Aquitaine et qui rejoint Sisteron - ou du GR7 – un sentier qui vient des Vosges et rejoint Andorre - traversant la région en empruntant ces drailles, apprécient la splendeur des paysages, la sauvagerie des grands espaces mais aussi les trésors discrets des villages avec leurs habitants si accueillants !
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J07 – Mercredi 10 juin ~ Sainte Énimie → Meyrueis
L'étape étant longue avec un bon dénivelé ( 32 kilomètres et 1.100 mètres de dénivelé ) alors que la météo annonce des orages, un départ très matinal peu après 6 heures s'imposait bien que le ciel soit encore chargé de la pluie de la nuit. Le petit déjeuner étant servi à 8 heures, Cindy l'accueillante propriétaire de l'hôtel avait en soirée apporté dans ma chambre une collation fort copieuse.
Dès le départ, ça « pente » ! À froid, il y a mieux, mais je ne pouvais qu'admirer le travail des anciens qui ont bâti le sentier : une pente bien régulière imposant ici ou là d'importants murs de soutènement.
Une heure et quart plus tard et 500 mètres plus haut – Eh, Eh ! 1941, un bon cru, du mollet, de la pèche et ma fois bien des p’tits jeunes aimeraient imiter le vieux montagnard – j’ai quitté les gorges du Tarn pour pénétrer dans le Causse Méjean, des paysages surprenants, toujours à plus de 1.000 m d'altitude.
Grandiose, d'autant que le ciel s'éclaircit et que le soleil commence à percer. Peu après Chamblon, plutôt que de suivre l'itinéraire proposé par la FFRP pour ce Camin de Sant Guillem, le GRP Tour du Causse Méjean, je suis resté sur le GR60 allongeant un peu l'étape mais je ne le regretterai pas.
Des fleurs, encore des fleurs... un coup de cœur pour l'étrange « carline » et pour le « cornier corticulé ».
Et puis évidemment des moutons, encore des moutons... Et quelle sauvagerie ! Par ici on est loin de tout, inutile d'ouvrir un téléphone portable, il n'y a pas de connexion...
Peu avant Nivoliers, un hameau d’une douzaine de maisons, une escadrille de vautours est venue me saluer, le temps de dégainer l'APN et ils étaient déjà loin. Mais dix minutes plus tard, je les ai retrouvé, cette fois ils étaient une vingtaine, volant face au vent du sud à des altitudes diverses, un peu loin pour la photo, dommage !
À la sortie de Nivoliers, l’occasion d’une pause casse-croûte sur un banc fort opportunément placé, j’ai perdu le GR, une balise curieusement disparue... Dans ce petit hameau où il y a au moins trois gîtes, des rivalités conduiraient-elles à quelques égarements ?
Le GR retrouvé, un peu plus loin un panneau annonce des chevaux préhistoriques de Przewalski. C’est le seul cheval sauvage qui soit parvenu jusqu’à nous : l’équidé peint sur les grottes de Lascaux a été redécouvert au XIX° siècle dans le désert de Gobi puis, à l’état sauvage on ne l’a plus observé depuis 1966. Un mal pour un bien : certains avaient été capturés et vendus dans des zoos et c’est à partir de quelques-uns de ces animaux qui avaient survécus que l’association Takh a pu les réintroduire dans les steppes mongoles et dans le Parc National des Cévennes. On peut voir désormais galoper ces petits chevaux sur le Causse Méjean. Ouais, mais je ne les ai pas vus !
À mon point haut du jour ( 1.200 m ) alors que je sortais d'un bois de pins, c'est un vautour qui a fait une apparition fulgurante, un virage sur l'aile et il disparaît. Je l'ai retrouvé un peu plus loin, alors qu'il était accompagné de quelques congénères.
Peu avant Mielgues, un petit hameau de quelques bâtisses toutes en ruine, le GR60 - le chemin des grandes transhumances - continue en direction du sud-est vers le Mont Aigoual.
Comme je m'écartais de plus en plus de l'itinéraire normal, il était temps de retrouver le bon sens ( le mien et celui de la direction de Meyrueis, terme de mon étape ).
J'ai donc suivi le GRP Tour du Méjean qui m'a fait suivre d'abord une petite route puis un sentier, longeant les falaises qui dominent les gorges de la Jonte. Encore des vautours, en nombre, durant tout ce parcours. Fabuleux spectacle !
J'ai fini par arriver à Meyrueis, au gîte de la Draille, chez Caroline Doussière. Dominant le village, ce gîte est incontournable. Confort, gentillesse, accueil, qualité pour tout, une trentaine de places, une soirée fort agréable en compagnie d'un groupe de randonneurs de Miramas dont c'est la sortie annuelle dans le secteur du Mont Aigoual. Et la bière blonde de l'Aubrac ... Quelle journée extraordinaire !
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