Cela fait des milliers d'années que le peuple Haïda a colonisé l’archipel Haida Gwaï. Lorsque j’y suis passé durant l’été 2003, l’archipel était encore connu sous le nom d'archipel de la « Reine-Charlotte », mais il a été depuis rebaptisé Haida Gwaï, en hommage à ce peuple aborigène.
Situées au large des côtes nord-est de la Colombie Britannique, les îles sont très isolées du reste du Canada puisqu'elles se trouvent en mer à environ 120 km dans l'ouest de Prince Rupert ( et 770 kilomètres au nord de Vancouver ). L'archipel est composé d'environ 150 îles. Les deux îles principales sont Graham Island au nord et Moresby Island au sud.
Près de 10.000 personnes vivaient à Haida Gwaï avant l'arrivée des explorateurs européens. Les maladies et la désintégration sociale que les nouveaux arrivants ont apportées dans leur sillage ont décimé les populations aborigènes comme dans bien des endroits. Aujourd'hui, ces îles connaissent un nouvel essor puisqu'elles abritent quelques 5.000 personnes dans de petites communautés éparpillées sur Graham Island – la plus grande des îles - et quelques-unes sur Moresby Island.
La petite ville de Queen Charlotte, sur la côte sud de Graham Island, est le centre administratif de Haïda Gwaï. On y trouve un office de tourisme et sans doute est-ce la raison pour laquelle elle constitue le point d’arrivée des touristes qui viennent la découvrir qui en randonnée ( mais il y a très peu de routes sur Graham et aucune sur Moresby ), qui en kayak, faisant du camping sauvage ici ou là par exemple dans la baie de Kagan tant la diversité des paysages est exceptionnelle : plages, marécages, dunes de sable et forêts primaires font de ces îles un véritable écrin de nature. La végétation sauvage abrite une faune très variée qui compte en particulier des ours noirs.
Les îles d'Haïda Gwaï sont par ailleurs situées sur la route migratoire de cinq espèces de saumon et ces eaux poissonneuses attirent des pêcheurs à la ligne venus des quatre coins du monde. Outre les saumons Chinook et Coho, espèces les plus prisées, on trouve aussi des flétans, des morues-lingues et des sébastes aux yeux jaunes.
La diversité de la faune marine de l'archipel est absolument fascinante. La période idéale pour observer les baleines se situe à la fin du printemps et au début de l'été. On aperçoit souvent de nombreuses espèces comme la baleine à bosse, l'orque, le petit rorqual et la baleine grise. À la fin de la semaine que nous avons passée dans ces eaux, nous avons croisé des marsouins et nous aurions pu également voir des lions de mer ou encore des phoques communs…
Haida Gwaï abrite plus de 150 espèces d'oiseaux. C'est au printemps et en été qu'ils sont les plus nombreux lorsqu’arrivent sur l'archipel des millions d'oiseaux migrateurs pour se nourrir et se reposer. On trouve alors des macareux, des pygargues à tête blanche, des faucons pèlerins, des guillemots, des cormorans pélagiques, des pluviers, des stariques, des huîtriers pie et bien d’autres...
Après une nuit de mer, nous sommes venus nous amarrer dans le petit port de Graham.
À côté de nous, un voilier en ferro-ciment a attiré notre attention et nous avons vite lié sympathie avec André son propriétaire, un compatriote. Un curieux bonhomme cet André, 80 et quelques années, un aventurier au sens authentique du terme, un bourlingueur dans toute cette Colombie Britannique, où il a pratiqué divers métiers principalement dans le forestier ; il a épousé une « native » d’Haïda Gwaï dont il a aurait eu cinq filles. C'est aussi un excellent marin connaissant bien les bons mouillages de l’archipel qu'il nous a gentiment indiqués, nous dévoilant également ses « coins » pour pécher le flétan.
Des bons mouillages, nous en avons eu durant les huit jours passés à vadrouiller dans les « inlet » de Moresby dans la solitude ou presque. À Haswell Bay, alors que nous étions amarrés sur un petit ponton perdu au milieu de nulle part, c’est un bateau de la police canadienne qui est venu, soit disant pour faire de l’eau, plus vraisemblablement pour voir qui nous étions. Sympathique discussion d’une demi-heure. Un peu après, c’est un autre « voileux » qui est venu lui aussi faire de l’eau. Nous l’avions entraperçu la veille au mouillage d’Echo Harbour. Ce sera le seul que nous aurons rencontré dans l'archipel.
Rencontre tout aussi sympathique avec une petite dame à Rose Harbour, l’île la plus au sud de l’archipel. Elle nous a fait admirer son jardin pendant que son mari emmenait des amateurs de kayaks de mer à la découverte des chenaux voisins.
Dans l’après-midi, nous avons quitté cet havre de paix d’Haïda Gwaï pour revenir vers le continent et l’Inside Passage, une traversée à la voile d’une trentaine d’heures…
NB Merci à Sylviane qui a partagé avec moi quelques photos pour illustrer cet article.
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Montage audiovisuel de 8,59 minutes en cliquant sur l'image ci-dessous
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