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Photo du rédacteurChristian B.

Sur la Via Francigena d'Aosta à Ivrea

Dernière mise à jour : 24 févr. 2023

J01 – Aosta → Châtillon ~ Mercredi 4 juin ~ 32,7 km Départ 6 h 38, arrivée 13 h 50, ciel couvert, le soleil essaiera de percer vers 10 h, puis abandonnera la partie peu après midi. Il a plu un quart d'heure après l'arrivée, 16º puis 19° plus tard. D+ 269 m, D- 357 m.

Je suis arrivé à Aoste hier en milieu d'après-midi et j'avais envisagé de marcher 10 kilomètres, pour réduire d'autant la longue étape d'Aoste à Châtillon. Malheureusement, le B&B trouvé à Brissogne est actuellement fermé comme me l'a indiqué son aimable propriétaire au téléphone, j'ai donc dû me résoudre à faire étape à Aoste au B&B « Al Caminetto », accueil sympa et prix très abordable.

La prima colazione étant servie à 7 heures 30, comme je souhaitais partir avant 7 heures, un copieux petit déjeuner m'avait été préparé la veille et j'étais donc dehors à l'heure souhaitée.

Il existe pour l’Italie des topo-guides de la via Francigena du col du Grand Saint-Bernard à Rome et ça peut aider... Mais dans la vallée d’Aoste, les concepteurs se sont simplement contentés d’agréger des morceaux de randonnées du dimanche ou du week-end consistant à aller visiter la chapelle x ou y, évidemment fermée, ressemblant comme deux gouttes d'eau à celle vue sur la crête précédente, avec entre chacune des liaisons qui obligent à redescendre de 100 à 200 mètres à de multiples reprises imposant des dénivelés qui atteignent près de 1.000 mètres en fin de journée ! Ce constat a provoqué l’ire de quelques-uns de mes prédécesseurs ! Et puisque dans un récit, l'auteur avait noté avec dépit que des marcheurs anglais avaient emprunté une piste cyclable le long de la Dora Baltea, j'ai recherché longtemps au cours de ma préparation pour trouver la dite piste cyclable d'Aoste à Ivrée qui descend la vallée d’Aoste jusqu’à Ivrée sans aucune difficulté !

Un passage sous les voies ferrées, puis sous l'autoroute, m'a permis de rejoindre cette voie verte que j'ai donc suivie. Après avoir quitté Aoste, c'est un parcours agréable qui longe la Doire, passant à travers des bois, longeant un golf ou des aires de loisirs. Peu après celle des Îles de Brissogne, des panneaux interdisaient aux cyclistes et aux piétons de continuer, le secteur étant en travaux, lesquels bénéficient d'un financement du FEDER. Mais on est en Italie et les interdictions ne concernent que ceux qui les respectent ! Toutefois plus loin une barrière infranchissable barrait la piste et pas question de contourner comme j'espérais pouvoir le faire, il m'a bien fallu faire un détour en empruntant une piste en terre le long de l'autoroute, puis un sentier ouvert par quelques prédécesseurs, la végétation y étant si dense que j'ai pensé devoir faire demi-tour. J'ai heureusement retrouvé la piste un peu plus loin, mais j'ai dû contourner d'autres barrières dont une sur un pont, en passant par l'extérieur quasiment pendu à la rambarde...

À Lullaz, la piste cyclable s'interrompt, j'ai alors suivi l'itinéraire des vélos en empruntant une petite route, peu passante bien que large, sur trois kilomètres jusqu'à Fénis, petit village où je fais souvent halte avec mon camping-car lorsque je vais en Italie du nord en passant par le tunnel du Mont-Blanc. Dès la sortie du village, c'est un nouveau tronçon de la piste cyclable, ouvert récemment, que j'ai suivi jusqu'à Châtillon. C’est donc au monastère franciscain que je suis hébergé ce soir. À 17 heures 30, je suis rejoint par une petite américaine, elle arrive d'Aoste par l'itinéraire classique et, bien sûr, elle a pris la pluie. À 19 heures, alors que je pars dîner dans une pizzeria proche, arrivent deux anglais. Il leur faudra trouver un autre hébergement, il n'y a que deux places ici.

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J02 - Verres ~ Jeudi 5 juin ~ 19,6 km Départ 8 h, arrivée 12 h 50 temps ensoleillé, 16°puis 23°, brise de vallée soutenue après 11 h 30. D+ 370 m, D- 501 m.

Hier soir, la petite américaine a quitté les lieux me laissant seul dans le gîte. Peut-être que je lui faisais peur ? À moins que ce ne soit le côté sommaire des sanitaires...

Ce matin, j'ai été réveillé à 6 heures 45 par les cloches de la petite l'église voisine, mais j'ai continué à traînasser, l'étape de ce jour étant courte.

Après une prima colazione dans un bar voisin, j'ai redescendu les pentes montées hier - le gros bourg s'étale sur les pentes du versant au soleil - pour retrouver la piste cyclable derrière la gare car, bien sûr les errements des baliseurs de l'AIVF ( Association Italienne pour la Via Francigena ) continuent. L'un de mes prédécesseurs, sarthois, a suivi la strada statale ( la nationale ), c'est très dangereux ! Il raconte n'avoir eu la vie sauve que grâce à un réflexe qui lui avait fait sauter dans le fossé pour éviter d'être percuté par un motard.

Au bout d'une heure, la piste cyclable se termine laissant la place à un sentier pour randonneurs et VTTistes. Un peu plus loin, je rencontre deux sentiers, l'un descend pour suivre le lit de la Doire, l'autre traverse par un curieux pont de bois exactement sous l'autoroute. J'ai hésité, suivre le lit d'un torrent au printemps peut s'avérer dangereux et l'autre sentier sur la rive opposée nécessite une belle remontée. J'ai choisi la sagesse en franchissant la rivière et plutôt que de suivre la piste des VTT, j'ai remonté un raide sentier, peu parcouru si j'en juge par la végétation.

Un quart d'heure de grimpée plus tard et 100 mètres plus haut, j'ai retrouvé une piste caillouteuse. Peu après, j'ai croisé la statale et poursuivi par une petite route qui mène à Champérioux. J'ai retrouvé ici le balisage de la Francigena qui invite à suivre un sentier.

Un peu plus loin, une balise propose à nouveau deux itinéraires, pour contourner les ruines de l'imposant château de Montjovet. Un sentier part en montée vers la gauche, l'autre contourne en descendant vers la droite. Alors que j'optais pour la version descendante, deux allemands apparaissent remontant mon sentier. J'apprends qu'ils sont partis à l'aube et que le sentier est « finish »! Y aurait-il eu un éboulement ou bien un passage exposé les aurait-il fait renoncer ? Dans le doute, j'ai adopté une nouvelle fois la solution de la sagesse et suis remonté à la petite église de Provarey, qui domine.

Ensuite un très joli chemin en balcon, le chemin des vignes, descendant à flanc de montagne, mène à Berriaz. Plus loin, la Francigena propose plusieurs chemins pour rejoindre Verrès. Je ne sais pas si celui que j'ai suivi était le meilleur, je n'en ai pas l'impression. Arrivée peu avant 13 heures à l'Ostello della Giuventu, à côté de la gare, l'accueil est des plus agréables.

Une bien belle étape et, sous le soleil, les montagnes sont si belles...

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J03 - Pont-Saint-Martin ~ Vendredi 6 juin ~ 15 km Départ 8 h 20, arrivée 11 h 50, soleil et nuages, devenant orageux et menaçant, 20°, 23° plus tard. D+ 211 m D- 195 m.

Hier soir, nous étions 4 marcheurs à l'auberge de Verrès, trois pèlerins, les deux anglais, qui sont d'ailleurs hollandais, aperçus à Châtillon, et un brésilien et un randonneur ( le signataire de ce billet ).

Jetant un œil sur les étapes des jours suivants, je me suis demandé comment j'allais organiser mes prochaines journées avec des étapes étonnamment courtes, d'environ 3 heures à 3 heures 30 chacune. Je n'ai pas l'habitude de faire aussi court. J'ai envisagé de faire une étape courte pour ce vendredi et deux étapes en une seule samedi. Bof, nous verrons.

Quittant Verrès, j'ai hésité à suivre le balisage de la Francigena, mais doutant de nouveau du bon sens des baliseurs de l'AIVF, j'ai traversé la Doire et suivi sa rive droite comme l'y invite la piste cyclable. Une heure plus tard, la Francigena « officielle » franchit la Doire à son tour par un très beau pont en arc.

En milieu de matinée, je suis arrivé dans la petite ville de Bard, dominée par sa formidable forteresse, l'une des nombreuses qui contrôlent la vallée. Mais celle-ci a conservé pendant très longtemps un intérêt stratégique, puisque démolie par Napoléon, elle fut reconstruite en 1838 et donc est restée en excellent état.

Je suis finalement arrivé à Pont Saint-Martin, peu avant midi, l’accueil à la Foresteria où j'ai fait étape, est des plus sympathiques, le bâtiment proposé par la mairie est très confortable. Par la fenêtre, on découvre des vignes curieusement fixées sur des piliers de pierre. Le brésilien vu hier avait réservé ici, mais il a dû se perdre en route et je serai seul ce soir dans ce grand gîte.

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J04 - Ivrea ~ Samedi 7 juin ~ 18,6 km Départ 8 h 05, arrivée 11 h 50, temps ensoleillé, 24º puis 30° plus tard. D+125 m, D- 175 m.

Inutile de partir tôt aujourd'hui, le gîte du Canoa Club à Ivrea, n'ouvre qu'à 15 heures, voilà quelque chose que je déteste, ici ou ailleurs. Passe encore quand il fait beau, mais lorsqu'il faut attendre des heures sous la pluie...

Quittant mon gîte, j'ai suivi l'itinéraire officiel qui longe la statale jusqu'à Airale, mais j'ai vite retraversé la Doire pour suivre sa rive droite alors que les baliseurs recommencent leurs bêtises. Je cite Pierre B : pour donner une idée de la conspiration de l'AIVF, nous avons fait 23,5 km, alors que le système intégré dans Apple donne pour les piétons 16,8 km - calculé jusqu'au centre ville, pour ma part ma journée fera 18,6 km mais jusqu'à l'extrémité de la ville...

Les divers récits lus avant mon départ sont remplis d'invectives sur ce balisage idiot ! Et comme il y avait au gîte hier au soir une fiche d'appréciation à compléter, je n'ai pas manqué de l'écrire...

Bref, j'ai fini par arriver dans la région du Piémont, le relief est maintenant beaucoup plus propice à de belles étapes faciles dans la plaine du Po. Mais pour l'heure, la première heure et demie s'est passée en empruntant une petite route bien passante en ce début de week-end, d'autant plus désagréable qu'elle longeait l'autoroute... Heureusement, ce furent ensuite des pistes en terre qui m'ont amené jusqu'à Ivrée alors que la chaleur devenait pénible ; les prochains jours, il me faudra partir tôt et même très tôt si je ne veux pas y laisser mes os !

J'en ai donc terminé avec la piste cyclable commencée à Aoste, elle se termine ici. En fait, pour certaines sections, la piste s'interrompt et les cyclistes doivent emprunter des petites routes, ailleurs, la piste est plutôt utilisable par les VTT. En la suivant, les portions goudronnées ont sûrement été un peu plus fréquentes que sur l'itinéraire officiel de la Francigena, mais j'ai gagné quelques kilomètres en distance et, plus encore, presque 2.000 mètres de dénivelé. Surtout, j'ai économisé de la fatigue, et vous connaissez l'adage « qui veut voyager loin...».


Carte avec le parcours d'Aoste à Vercelli - détails techniques - fichier GPS [ clic ]

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