Si on dit que le Baïkal est le cœur bleu de la Sibérie, alors l'île d'Olkhon est le cœur du Baïkal.
La plus vaste île du Baïkal faisait partie d'une immense chaine de montagnes qui s'est effondrée dans les abimes maritimes du lac, elle représente aujourd'hui le point central, historique et sacré du lac, le point crucial des légendes et traditions.
Située au centre du lac près de son point le plus profond ( 1.637 m ), l'île réunit à elle seule toute la diversité des paysages du Baïkal. C'est une terre particulière, avec son microclimat, sa faune et sa flore parfaites.
L'île est longue de 72 kilomètres pour une largeur de 15 kilomètres et une superficie de 730 km² et ses falaises abruptes l'entourent entrecoupées de baies de sable, de paysages de forêts ou de steppes sur lesquelles soufflent les vents du Baïkal, alors que la taïga recouvre la côte est de l'île.
Au matin, après une petite promenade autour de la baie où nous avons passé la nuit, le bateau nous amène dans une petite crique sablonneuse de l'île d'Ogoy empreinte d'une atmosphère très religieuse : offrandes déposées sur les anciennes pierres à sacrifice, rubans symbolisant des vœux autour de la stupa, drapeaux de prière, forment un mélange qui semble harmonieux entre animisme et bouddhisme.
On mesure combien les peuples de la steppe sont encore très présents et que l'orthodoxie de la « Sainte Russie » n'a pas réussi à les coloniser tout à fait.
La flore ressemble à celle de nos montagnes : nigritelles noires, gentianes, etc. Des murs de pierres sèches subsistent encore sur ce territoire complètement désert de nos jours : ce sont probablement des vestiges d'enceintes ou des limites de propriété.
Longeant la côte de l'île d'Olkhon, nous contournons Bourkhan, un rocher chamanique sacré, avant de mouiller dans une crique.
Bourkhan fait partie des neuf sanctuaires de l'Asie ainsi dans ce rocher existe une grotte où autrefois avaient lieu des rites chamaniques, les lamas de toute la Bouriatie venant y prier leur Dieu. La vénération du rocher était si grande à l'époque que les cavaliers qui passaient près de Bourkhan, même pour leurs affaires les plus urgentes, mettaient pied à terre, enveloppaient les sabots des chevaux de bouts de peaux d'animaux et les conduisaient en silence loin du lieu sacré où ensuite, ils se remettaient en selle.
En compagnie de plusieurs russes et de chinois, nous irons le contempler du haut des falaises avant d'aller visiter Khoujir, l'ancien village de pêcheur, lequel se dépeuple peu à peu, le lac n'offrant plus de quantités de poisson suffisantes pour faire vivre toutes les familles.
Le port - un cimetière de bateaux de pêche - en est la triste preuve mais l'espoir d'une renouveau économique réside dans le tourisme : une auberge de jeunesse fonctionne sur l'île et les bateaux de pêche sont rachetés pour être transformés en bateaux de croisière sur le lac.
Quelques isbas aux volets peints de couleurs vives subsistent encore, comme celle qui abrite un musée où nous sont présentés la vie du lac et son histoire au travers des différents événements qui ont fait l'histoire de ces peuples, pour la plupart des Bouriates, peu à peu colonisés par les Russes et qui forment une communauté aux conditions de vie encore difficile.
En fin de journée nous quittons les lieux pour aller mouiller plus au nord, près du cap Khoboy.
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