Poursuivant ma route vers le sud pour ces vacances pascales, après avoir quitté la vallée de la Durance, par une route sinueuse toute en montée, je suis arrivé sur le plateau de Ganagobie où les plus anciennes traces de civilisation remontent au néolithique ( 2800 à 1800 av. J.C. ) et où a été implanté le prieuré de Ganagobie à 654 mètres d'altitude à l'aube du X° siècle.
À l'abri d'une forêt de chênes verts, le monastère clunisien est inséré dans un grand quadrilatère aux sévères murailles. Même s’il reste au village les prémices d’une première abbatiale plus ancienne, le premier prieuré fut créé avec une église dédiée à Notre-Dame.
Après la création de Cluny et durant trois décennies, Ganagobie fut rattaché à la grande abbaye bourguignonne qui va dominer pendant plusieurs siècles le monde de la chrétienté occidentale.
L’abbaye fut florissante trois siècles durant puis, comme un peu partout en France, son déclin va s’entamer et en 1788, le prieuré sera supprimé par le roi de France. Trois ans plus tard, les bâtiments seront vendus comme biens nationaux, une grande partie des bâtiments conventuels étant alors démolie.
En 1955, avec l’accord des Monuments Historiques, la rénovation de l’église est lancée et il faudra dix-huit années pour la réaliser et en 1992, le monastère de Notre-Dame de Ganagobie devenu habitable, les moines bénédictins quittent de Hautecombe ( Savoie ) et s’installent sur le plateau, le vieux prieuré est devenu abbaye.
L'église du monastère que l'on voit aujourd'hui constitue un exemple type du roman provençal ; elle est connue pour son superbe tympan qui représente le Christ dans toute sa gloire, sculpté au sommet d'une porte entourée de festons en qui on pourrait voir une origine décorative arabe.
Ce Christ a aussi une figure que l'on retrouve fréquemment sur tout ce qui d'origine clunisienne.
Contiguë au cloître, la nef à trois travées, prolongée par un double transept, s'achève sur un chœur à trois absides, l'ensemble étant d'une émouvante sobriété.
Le transept est encore pavé de mosaïques romanes trouvées sur place dont les décors à l'inspiration lombarde et byzantine reflètent l’expérience des moines du XII° siècle pour qui le monde était le théâtre de la lutte contre les passions et où le mal y côtoyait le bien.
Ajoutons que le monastère possède un musée lapidaire et une bibliothèque riche d’environ 100.000 livres, répartis sur cinq kilomètres de rayons ! 8.000 livres anciens du XII° au XVIII° siècle qui constituent l’un de ses attraits, de même que son fonds provençal souvent consulté par les chercheurs.
Les manuscrits les plus précieux sont tous micro filmés et disponibles à la Bibliothèque Nationale.
L'église du monastère de Ganagobie, un joyau de l'art roman que j'avais déjà vu et que j'ai revu avec émotion !
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format