Ce matin, alors que les premiers nuages annonciateurs de pluie commençaient à apparaître dans le sud-ouest, c’est sous le soleil encore présent que j’ai rejoint de nouveau le centre historique pour une visite approfondie de la cathédrale Santa Maria.
Burgos, ville prospère sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, s’enorgueillit d’avoir l’une des plus belles cathédrales gothiques d’Espagne, mais on trouve également à Burgos d’autres trésors tels les monastères de Las Huelgas et de Miraflores, juste en dehors de la ville et que je regrette de n'avoir pu visiter par manque de temps.
Après la pose de la première pierre par Ferdinand III, roi de Castille en 1221, la construction de la cathédrale s'est effectuée en deux grandes étapes correspondant à deux styles gothiques :
+ au XIII° siècle, les nefs et les portails sont édifiés par des architectes locaux d'après les plans rapportés par l'évêque Don Mauricio d'un voyage à travers la France, alors en pleine « fièvre » gothique.
+ au XV° siècle, une nouvelle tranche de travaux élève les flèches de la façade, la chapelle du Connétable et la décoration des chapelles des bas-côtés. C'est alors le style nordique qui s'implante car Alonso de Carthagène, un autre grand prélat de Burgos, a ramené avec lui à son retour du concile de Bâle plusieurs architectes et sculpteurs venus de Flandre, de Rhénanie et de Bourgogne. Ces artistes trouvèrent dans l'art local, imprégné de culture mudéjares, une source de renouvellement du gothique flamboyant qui s'affadissait alors dans le reste de l'Europe. Felipe Bigarny, le flamand Gil de Siloé et Jean de Cologne le rhénan, se distinguent tout particulièrement. S'assimilant rapidement, ils créeront de véritables lignées de sculpteurs burgalais : Gil avec son fils Diego, Jean avec son fils Simon et son petit-fils François.
La cathédrale est la troisième d’Espagne par sa taille après les cathédrales de Séville et de Tolède. Elle est établie sur un terrain en pente, d'où l’étonnante différence de niveaux entre le côté Nord et le côté Sud. La nef principale, les deux collatéraux et le chœur sont donc du XIII° siècle et l'œuvre d'architectes et artistes Castillans, le cloître étant du XIV° siècle.
Les flèches des tours de la façade et la chapelle du Connétable sont du XV° siècle, édifiées par des architectes et artistes de Bourgogne, de Flandre et de Rhénanie comme je l’ai indiqué. Les deux tours carrées restées inachevées ont été complétées au milieu du XV° siècle par l'architecte Jean de Cologne qui a élevé des flèches octogonales ajourées, elles atteignent 84 mètres de hauteur. La première tour au-dessus de la croisée du transept s'est effondrée, elle a été reconstruite au XVI° siècle.
La cathédrale est en forme de croix latine faisant 106 mètres de longueur en prenant en compte la chapelle du Connétable.
La façade comprend deux parties : la partie basse et la partie haute. La partie basse est relativement sobre: le portail Santa Maria ( au centre ) a été remanié au XVIII° siècle, il perdu la plupart de ses sculptures de même d'ailleurs que les portails latéraux. La partie haute est très décorée avec en particulier la rosace et deux grandes baies, la frise des Rois et les deux flèches ajourées.
On dénombre trois portails latéraux, deux sur le côté Nord et un sur le côté Sud. Le portail du transept Nord ( Puerta de los Apóstoles ou de la Coroneria ) comporte des statues des apôtres et des bas-reliefs du XIII° siècle. L'autre portail côté Nord ( Puerta de la Pellejeria ), situé dans l'angle formé par le transept et l'abside a été réalisé en 1516 par Francisco de Cologne en style Plateresque avec une ornementation travaillée. Côté sud se situe la Puerta del Sarmental, richement décoré elle comporte aussi des statues et des bas-reliefs du XIII° siècle.
La nef est encadrée de deux collatéraux qui accueillent de nombreuses chapelles, l'ensemble faisant 26 mètres de largeur. L'édifice est éclairé par de grandes fenêtres et par une galerie avec des baies à meneaux. Le transept a une longueur de 59 mètres, chaque bras comportant trois travées.
Le chœur est entouré par un déambulatoire qui dessert plusieurs chapelles et en particulier la Capilla del Condestable à l'extrémité Est. Le chevet est renforcé par de grands arcs-boutants. Les piliers sont cylindriques flanqués de colonnettes, les chapiteaux sont sculptés.
La lanterne du transept s'est effondrée en 1537 ainsi que les piliers qui la soutenaient, elle a été reconstruite et achevée en 1567 par Juan de Vallejo. Le dôme octogonal ( cimborio ) s'élève à plus de 50 mètres au-dessus de la croisée avec huit pinacles très travaillés, il comporte deux étages avec d'innombrables sculptures.
Dans la Capilla Mayor, le chœur comporte une centaine de stalles sculptées au début du XVI° siècle par Philippe Viguerny, un artiste bourguignon qui a aussi réalisé les bas-reliefs de la clôture du Chœur.
Le retable est de l'époque de la Renaissance est consacré à la Vierge Marie, la titulaire de la cathédrale, dans un style un gothique - flamenco de la moitié du XV° siècle.
Au centre de la croisée du transept se trouvent les dalles funéraires de Rodrigue Diaz de Vivar et de son épouse Doña Jimena, le Cid Campeador, guerrier et mercenaire héroïque dont les exploits légendaires s’achevèrent par sa mort aux mains des Maures en 1099. Les corps ont été déposés dans la cathédrale tardivement en 1921.
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format, celles encadrées en jaune datent de mon parcours en 2008, celles encadrées en rouge de mon parcours en 2015