Les deux albergues de Morille étant fermées, avec Nicolá, un espagnol que je retrouve presque chaque jour depuis une semaine, nous avons commandé un taxi pour rejoindre Salamanque. La ville de loin est superbe.
Le taxi m'a déposé devant le pont romain et j'ai rejoint l'albergue municipal devant lequel j'ai dû attendre presqu'une heure car il n'ouvrait qu'à 16 heures. La méconnaissance de la grande randonnée par le responsable municipal de ce gîte fait peine à constater ! À la fin d'une longue étape, le randonneur souhaite rapidement prendre une douche, faire un peu de lessive et récupérer des efforts du jour. Le pauvre hospitalero qui n'y peut rien s'est fait copieusement engueuler par un Espagnol et ce doit être son lot quotidien si j'ai bien compris !
L’université de Salamanque a été fondée en 1218 et, au fil des siècles la ville n’a jamais cessé de bouillonner d’idées et de vie. Aujourd’hui ses étudiants se mêlent au flux constant des visiteurs créant une atmosphère cosmopolite où les traditions sont néanmoins respectées. On enseignait ici un grand nombre de disciplines puisqu’elle comptait au XVIII° siècle jusqu’à 70 chaires. De nombreux maîtres fameux y ont enseigné tel Miguel de Unamuno qui y enseignât le grec avant de devenir le recteur. Elle n’est peut-être plus maintenant l’université la plus importante d’Espagne, mais elle reste la plus prestigieuse.
La ville est d’origine ibère devenue ensuite carthaginoise sous Hannibal puis romaine.
Elle en garde un pont romain sur le rio Tormes. Plusieurs fois détruite par les maures, la cité a été reprise par Alphonse VI au début de la Reconquista.
La Plaza Mayor a été construite à la demande de Philippe V au milieu des années 1700, c’est l’une des plus belles places d’Espagne, bordée d’arcades et décorée de médaillons représentant des rois ou des personnages célèbres.
Dans la Rua Mayor, la célèbre Casa de las Conchas - maison aux coquilles Saint-Jacques - symbole des pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle - était autrefois un palais, elle accueille désormais la Biblioteca, inutile de dire qu’il y règne un va et vient incessant !
Massive, la cathédrale est en fait constituée de deux bâtiments attenants : la Catedral Nueva et la Catedral Vieja. La construction de la première débuta en 1513 et des agrandissements successifs se poursuivirent durant les deux siècles suivants donnant lieu à un mélange de styles allant du gothique tardif au baroque en passant par le Renaissance et le plateresque.
Curieusement, l’entrée dans la Catedral Vieja se fait depuis l’allée sud de la Catedral Nueva ! Le retable de style Renaissance est composé de 53 panneaux peints entourant une statue incrustée de gemmes, la Vierge de Vega ( XII° siècle ), patronne de la ville.
Un peu au sud-est du centre historique, la façade du Convento de San Esteban est un remarquable exemple de sculpture plateresque. Son fabuleux retable churrigueresque mesure 30 mètres de hauteur et représente le martyre de saint Étienne.
Tout proche, le Convento de las Dueñas possède un délicieux cloître Renaissance.
Salamanque mérite d’être découverte en prenant son temps, peut-être même conviendrait-il d’y revenir plusieurs fois pour en apprécier tous les aspects. Pour ma part, aujourd’hui était mon troisième passage mais pour une fois sous la pluie...
Demain, une petite étape pour récupérer et surtout apprécier l'albergue le plus cosy de la via de la Plata !
→ Cliquer sur les photos pour les voir en grand format, elles ont été prises lors de mes passages en 2009 et 2011.